Le troisième numéro de RUKH a pour objet d'étude les substances. Vitales, délicieuses, prohibées... Il s'en sert comme thermomètre pour déterminer si la crise du monde arabe est plus sociale que religieuse. On y parle de verger et de rebelles syriens dans la vallée de Zabadani, suivis pendant un mois par le reporter Jean-René Augé (Paris Match). Hervé This, inventeur de la cuisine moléculaire avec Pierre Gagnaire, imagine un tajine déshydraté et un nouveau rapport à l'agriculture. Nora Salim de ELLE et du Herald Tribune raconte l'histoire de Dubaï et de sa stratégie culturelle dopée par les rentres pétrolières. On trouve aussi les substances dans le baluchon des Harakat Sisters, deux jeunes soeurs maroco-libanaises génitrices d'une nouvelle forme de mode participative et de luxe discret. Certains réclament du pain pour subsister, d'autres du vin pour s'oublier. L'écrivain Zied Bakir a suivi la jeunesse dorée et les chômeurs de Tunis à Noël, et le vignoble en ruines de Mehdi Saint Augustin. Les héroïnomanes de Beyrouth et de la Bekaa sont racontés par Thomas Abgrall, qui s'est infiltré dans cette communauté chrétienne qui se tourne vers Jésus et le subutex pour se soigner. Le dernier tryptique du magazine est consacré à la famille algérienne Othmani, qui en lançant l'agroalimentaire et le Coca-Cola durant les années de guerre civile, a tenu bon face à l'extrêmisme religieux et a pavé la voie aux entrepreneurs du pays. Serge Lutens imagine pour RUKH la route des parfums, avant que Salma Rizki ne raconte dans un dossier de voyage romancé ses deux semaines au Pôle Nord dans une communauté scientifique prisonnière de la glace...